Avertissement : dans mon prochain article, je publierai quelques photos du concert ci-dessous. Pour l’instant, je m’en tiens à un compte-rendu écrit.
Il y a quelques jours, Florian Demonsant avait diffusé le message suivant :
"Bonjour à tous !
Je vous propose un concert-curiosité... qui pourrait se révéler être une véritable expérience pour les spectateurs.
Installez vous dans des fauteuils confortables... et laissez vous entrainer par la rencontre entre un trio percussions orientales/clarinette turque/accordéon avec... une cornemuse écossaise...jouée par un breton inspiré !
Il s’agit du premier concert de Bey Ler Bey Trio avec Erwan Keravec en invité. Et ça se passe jeudi prochain, le 9 mars, à Toulouse, Salle Bleue, à 20h30.
Venez nombreux !!
Florian."
On commence à connaitre assez bien le style du trio, mais en tant que spectateur, suivant l’expression de Florian, et surtout en tant qu’auditeur novice en la matière, on n’avait jusqu’à ce jeudi aucune expérience en direct live des capacités de la cornemuse écossaise, ses stridences et son acidité. Forcément, on avait coché comme prioritaire sur notre agenda la date de ce concert. Notre curiosité bien affutée, on est donc arrivé une heure avant l’ouverture des portes de la salle bleue. C’est ainsi que l’on a pu choisir nos deux places au premier rang à deux mètres de la scène et, plus particulièrement, à trois mètres du joueur de cornemuse écossaise. Deux places que l’on peut qualifier, suivant l’invitation de Florian, de fauteuils confortables.
Le trio et son invité s’est donc présenté ; chacun a pris place, face à la salle. Comme je l’ai dit plus haut, on avait écouté les disques de Bey Ler Bey et on avait entendu plusieurs fois le trio en concert. Mais, on n’avait rien entendu... Le quartet s’étant installé, on a fait, suivant l’expression de Florian, l’expérience de sa puissance sonore, en particulier celle de la cornemuse. Un son, pour moi, jusqu’ici inouï. D’entrée de jeu, un maelström né de la rencontre impromptu sur la scène de la salle bleue entre des percussions orientales, une clarinette turque et un accordéon méridional avec une cornemuse venue du pays du monstre du Loch Ness. On a fait, comme le conseillait Florian : on s’est laissé entrainer au rythme de cette rencontre. D’entrée, comme une évidence, le mot "Dada" m’est venu à l’esprit. "Dada" au sens de poésie dadaïste. Il me parait en effet pertinent pour dire ma perception de ce concert, même si je ne suis pas certain que les quatre musiciens la trouveraient conforme à leurs intentions.
En tout cas, je m’explique. Penser à "Dada", c’était une manière pour moi de voir et t’entendre ce qui se passait sur la scène comme une remise en cause de conventions et de contraintes artistiques qui semblent aller de soi. Par exemple, la durée inhabituelle, une heure, du seul morceau exécuté :"Aphone". Un morceau à durée variable si mes informations sont exactes. Variable, donc aléatoire, donc plus ou moins imprévisible pour le public. L’imprévisibilité étant précisément ce qui d’ores et déjà me donne envie de retrouver la situation du concert. Pour faire l’expérience de ce qui va se passer.
A titre de complément à ma référence à "Dada", quelques mots, ci-dessous, tirés de Wikipédia :
"Dada met en avant un esprit mutin et caustique, un jeu avec les convenances et les conventions, son rejet de la raison et de la logique, et marque, avec son extravagance notoire et son art très engagé, sa dérision pour les traditions. Les artistes de dada se voulaient irrespectueux, extravagants, affichant un mépris total envers les « vieilleries » du passé [...] Ils cherchaient également une liberté du langage, qu’ils aimaient lyrique et hétéroclite".
On n’est pas si loin du free jazz. Une structure finalement beaucoup plus rigoureuse qu’on pourrait l’entendre à première audition et des improvisations où l’on se laisse entrainer, pour ne pas dire immerger.
En quittant la salle bleue et en rejoignant le métro dans le froid de la nuit toulousaine, on se disait que finalement ce moment de Bey Ler Bey n’était pas sans rappeler certaines prestations de Pulcinella, avec Florian à l’intersection des deux formations.
Ps.- A titre de complément à mon compte-rendu, quelques citations que je trouve tout à fait justes et pertinentes :
BEY.LER.BEY invite ERWAN KERAVEC "Aphone"
Bey.Ler.Bey c’est la rencontre entre Florian Demonsant (accordéon), Laurent Clouet (clarinette) & Wassim Halal (darbuka/daf) autour d’un même intérêt : créer une musique qui détourne les codes musiques des Balkans, entre autres.
A l’occasion de ce concert le trio invite Erwan Keravec ovni de la Cornemuse écossaise. Quatre musiciens sur une même scène défendant une expression personnelle de l’improvisation confrontant leurs univers singuliers, frénétiques, et cherchant sans relâche à pousser les limites de leurs instruments . Une rencontre surprenante de Dissonneurs.
Musicien traditionnel breton, Erwan Keravec est un sonneur de cornemuse écossaise au parcours éclectique. Du couple traditionnel avec Guénole Keravec à l’improvisation libre avec Mats Gustafsson, Beñat Achiary, il compose, joue, improvise pour la danse contemporaine de Boris Charmatz, Emmanuelle Huynh, Gaëlle Bourges… Erwan est artiste associé au Quartz (Brest).