Bey.Ler.Bey Trio : Florian Demonsant, accordéon, Laurent Clouet, clarinette turque, Wassim Halal, percussions orientales. Ils étaient jeudi soir, 6 février, à 20h30, à l’espace Croix Baragnon. Ils ont remis ça le lendemain, vendredi 7, même endroit, même heure. D’où, sur la photo, deux fois deux billets.
Bey.Ler.Bey Trio, suivant sa propre expression, "puise son inspiration dans les codes et les couleurs des musiques populaires de Balkans" et dans la pratique des musiques improvisées. Ses compositions ont leur source dans l’imaginaire ottoman. Avec parfois des éclairs kletzmer ou des accents de percussions iraniennes. Bey.Ler.Bey, en effet, signifie "Le chef des chefs". Son univers rythmique est encore exotique à nos oreilles occidentales, même s’il ne nous est pas totalement étranger, mondialisation oblige. En tout cas, ce qui est bien, c’est que c’est une musique qui dérange nos habitudes.
Improvisation, mode d’emploi. Je ne suis pas familier des musiques improvisées, même si quelques rencontres avec des jazzmen m’ont quelque peu initié à ce type de créativité. Il me faut donc apprendre quelle est l’attitude la plus adéquate pour apprécier les propositions plus ou moins improvisées du trio. Cette attitude n’est pas forcément naturelle, je veux dire en l’occurrence spontanée et habituelle. Elle dérangerait même pas mal nos habitus, comme aurait dit Bourdieu. J’ai donc compris à l’écoute de ce concert que la musique de nos trois compères implique une attitude spécifique que je qualifierais de lâcher prise. L’improvisation, tant du côté des musiciens que des auditeurs, implique en effet une attitude paradoxale qui s’apparente à l’attention flottante. Une attention et donc une tension extrême qui consiste à rester sur le qui vive pour saisir ce qu’il ne faut surtout pas manquer alors même qu’on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. L’improvisation requiert d’abord l’attention à ce qui advient, ici et maintenant, tout à l’opposé à certains égards de l’attitude de l’amateur de musique classique qui connait par cœur ce qu’il écoute.
Le concert de ce jeudi donc : un concert fait de morceaux longs, durée nécessaire pour s’en imprégner, avec des ruptures, des moments de détente et des moments de suspense.
Quant à moi, je considère de plus en plus un concert ou un récital comme un phénomène sonore et visuel, les deux dimensions étant indissociables et même interactives. Interactives, c’est-à-dire que ce que l’on voit - les musiciens jouant dans un certain environnement - influe sur la perception auditive - ce que l’on entend - et réciproquement ce que l’on entend modifie sans cesse la perception que l’on a du comportement des musiciens. De ce point de vue, ce fut pour moi un régal. De bonnes conditions pour faire des photos ; aucune interdiction. Ouf ! C’est pourquoi j’ai l’intention, dans un très prochain article, de publier quelques photos tirées à part des trois musiciens. Je préfère en l’occurrence ne pas les mélanger avec le texte.
A l’issue du concert, le trio offre un pot très convivial. Son dernier opus est là, en présentation. On peut l’acheter pour un prix que chacun fixe librement. Forcément, je demande une signature à Florian, à Laurent et à Wassim. Tout ça est bien sympathique avec la rencontre d’un photographe qui publie je crois ses photos sous le titre "accordéonistade", d’un jeune accordéoniste, que l’on a bien l’intention de découvrir dès que possible et d’un amateur d’accordéon, également lecteur de ce blog, que je salue cordialement : "Bonjour Michel !".